L'écriture inclusive incompatible avec l'argent public
Victor De Sepausy - 03.08.2020
L’Assemblée nationale et ses parlementaires ont dû se gratter l’occiput en découvrant la proposition de loi portée par différents membres. Ces derniers souhaitent interdire l’utilisation de l’écriture inclusive à tous, dès lors qu’une subvention publique est versée.
Une dizaine de députés incluant aussi bien Sébastien Chenu que Marine Le Pen se dressent. S’érectent même. S’insurgent également. Selon eux, l’écriture inclusive qui consiste à faire « ressortir l’existence d’une forme féminine, tend à se diffuser largement ». Et de déplorer que l’on tente même d’en faire une norme.
François 1er en renfort
Forts de ce que l’Académie française avait parlé de « péril mortel » en octobre 2017, les députés expriment leurs craintes pour l’avenir de la langue française. Ils rappellent charitablement que François 1er avait fait du français la langue officielle par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539. Et que depuis, la Constitution l’a instauré comme langue de la République.
De même : « La circulaire du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française, invite à ne pas faire usage de l’écriture inclusive pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel. »
Pour les députés, la proposition de loi présentée compléterait ainsi la loi du 4 août 1994. Dès lors, « toute personne morale publique ou privée bénéficiant d’une subvention publique » se verrait interdire l’usage de l’écriture inclusive.
En effet, soulignent-ils, « il est regrettable qu’il n’existe pas dans notre pays d’interdiction générale de l’utilisation de l’écriture inclusive ». Leur projet législatif vise donc à corriger le tir et garantir le maintien de l’emploi d’un masculin générique.
Les pour, les contre
Notons qu’en novembre 2017, une circulaire du Premier ministre — Édouard Philippe — interdisait l’usage du point médian permettant de faire apparaître la présence féminine dans une phrase.
A contrario, Wendy Delorme avait signé un texte pour défendre cet usage naissant. « Dans ma langue, je me sens, au mieux une passagère, pas vraiment clandestine, mais jamais légitime. » Elle frappait même plus fort : « La langue ampute les femmes de l’estime de soi depuis qu’il fut admis en des temps reculés que le masculin règne pour cause de noblesse. »
Et d’ajouter : « La grammaire n’est pas une chose apolitique, et l’hégémonie mâle en son sein est solide. »
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